Arrêter de fumer

Jonathan – 49 – Genève

Lorsque j’ai été voir monsieur de Traz, je fumais plus d’un paquet de cigarettes par jour. Et des dures. Des rouges. Du genre qui vous chauffent les poumons. J’avais pas de problème à fumer. Mais je voulais vraiment arrêter pour mes filles. Mon père était aussi un gros fumeur et il en est mort. Attaque foudroyante. Mes enfants ne voulaient pas que je meure aussi. Alors j’ai essayé d’arrêter. Mais j’ai pas pu y arrivé. J’ai fait tout leurs trucs. Chewing gommes, patches, hypnose, acuponcture. Tout en même temps même des fois. Ça a servi à rien. Fallait que je fume. Sinon je devenais vraiment lourd.
Et puis j’ai entendu parler de monsieur de Traz par des parents de l’école de mes filles. Le père d’une de leurs copines avait réussi à arrêter de fumer depuis 3 ans. Alors j’ai décidé d’essayer une dernière fois. J’étais prêt à tout donner encore une fois pour que ça marche.

Lorsque je suis arrivé dans son bureau, monsieur de Traz m’a dit que si je faisais ce tout qu’il allait me demander, dans 3 mois j’aurais arrêté de fumer. J’ai dit ok. 3 mois c’était pas trop, même si ça marchait pas. Il m’a alors demandé toutes les bonnes raisons que j’avais de fumer. Il en a même trouvé des à quoi j’avais même pas penser. Il m’a alors dit que j’avais 21 jours pour réussir à fumer 2 paquets par jour. J’ai cru que j’avais pas bien entendu, ou qu’il se foutait de ma gueule. Pas du tout. Il m’a dit que ça allait être dur, mais que si je fumais deux cigarettes de plus chaque jour, j’y arriverai. J’en revenais pas. Je lui ai dit que j’étais venu pour arrêter, pas pour fumer le double. Mais il m’a dit que je devais d’abord apprendre à maitriser combien je fumais si je voulais un jour maitriser combien je fumais pas. Il m’a dit de lui envoyer un message tous les jours, à 18 heures, pour lui dire quelle cigarette avait été la meilleure de la journée et pourquoi. Et que nous ferions le point par Skype une fois par semaine. A ce moment je me suis dit qu’il était malade. Mais si je voulais être sûr que son truc marcherait pas, il fallait au moins que je fasse comme il disait.

On était au début du mois de mai. A début ça a été facile. C’était même sympa de plus me prendre la tête quand je fumais. J’ai même aimé mes cigarettes comme jamais. Et puis au bout de 10 jours, j’en étais à un paquet et demi, ça a commencé à devenir difficile de trouver le temps d’en fumer autant. Des fois je devais même en fumer 4 à la suite avant de dormir pour faire le compte. A 35 cigarettes par jour c’est devenu vraiment compliqué. Et je commençais à avoir de la peine à lui dire laquelle avait été la meilleure de la journée. Elles devenaient toutes dégueulasses. Le 22ème jour, quand j’ai vu sa tête sur mon écran, j’étais très fier de moi. J’avais tenu son challenge sans faiblir. Je fumais 2 paquets par jour. Quand je lui ai demandé si je pouvais arrêter, il m’a dit que j’étais pas encore prêt. J’ai cru rêver. Il m’a dit de bien continuer à fumer mes 2 paquets par jour et de surtout bien lui dire quelle cigarette avait été la meilleure de la journée.
Chaque jour je voulais arrêter son truc de débile, mais chaque fois que je lui disais, il me répondait que je pouvais faire ce que je voulais, mais que si j’arrêtais avant les 3 mois, c’est moi qui aurais choisi d’échouer.
Le rendez-vous de la semaine d’après, je l’ai presque supplié de me laisser arrêter. Il m’a finalement dit ok, mais pas trop vite, juste une cigarette en moins par jour, la pire, pas plus. Et je devais lui envoyer un message chaque jour pour lui dire quelle cigarette j’avais supprimé et pourquoi c’était la pire. J’ai dit ok.

A la fin du mois de juin, lorsque je me suis connecté, j’avais fumé ma dernière cigarette deux jours avant. Quel soulagement. Ça avait été vraiment long. Je lui ai demandé ce qu’on allait faire maintenant. Il m’a répondu que lui plus rien. Que son job était fait. Que ça faisait 2 mois qu’on avait commencé et que je ne fumais plus. J’avais des doutes. C’est tout ? je lui ai demandé. Il m’a dit que la suite était en mon pouvoir. Que j’avais été capable de décider le nombre le nombre de cigarettes que je voulais fumer, et capable de décider le nombre de cigarette que je ne voulais pas fumer. Si je voulais refumer, ça allait me demander des efforts. Si j’y arrivais ce serait parce que je l’aurais vraiment voulu.
Ça fait maintenant 2 ans que je fume plus. Mes filles sont tellement fières de leur papa. Ça m’arrive des fois d’essayer d’en allumer une quand je suis avec un copain qui sort pour s’en griller une. Mais je la trouve toujours dégueulasse et j’arrive pas à recommencer.

Jonathan – 49 ans
Paris