Une médaille d’argent… au goût de chocolat…?

Ce week-end, c’était le championnat genevois de VietVoDao. Dernière partie de chauffe avant le championnat d’Europe. J’ai gagné une médaille d’argent.

Ce matin, je suis arrivé à l’entrainement, sans savoir vraiment comment j’allais. Mon coach, Bertrand (Amoussou > cf dernier post), m’a demandé si j’étais content de moi. Je lui ai répondu que je ne savais pas trop. Il m’a demandé de lui raconter.

1er combat, mon adversaire abandonne avant la fin. Pas envie de se faire défoncer avant le championnat d’Europe, qu’il a dit en jetant l’éponge. 2ème combat, l’autre va au bout cette fois, mais finit en crachant du sang. Finalement, en finale, je tombe sur un tout jeune, et tout aussi redoutable, qui évite mes charges et gagne aux points.

Bertrand me regarde. Je lui explique que j’étais tendu comme un string, que je n’ai pas pu aligner une seule des techniques qu’on travaille depuis 2 mois, et qu’en plus je me suis comporté comme un sauvage. En fait, je crois que j’étais mort de trouille et que maintenant, je suis mort de honte.

Et là, le quadruple champion du monde, taillé à même le roc, me regarde comme un grand frère, et me dit en souriant : « Tu as donc gagné une médaille en chocolat. Elle brille peut-être du dehors mais au fond de toi, tu sais que tu valais beaucoup mieux. Enlève tes gants, on va se promener. J’ai des trucs à te dire ». Je ne sais pas pourquoi, j’avais les larmes aux yeux.

Au bord du lac, Bertrand est aussi doux et bienveillant qu’il a l’air redoutable. Il me dit qu’il connait bien ce que j’ai vécu. Il me raconte ses débuts en judo, quand il doutait encore de sa valeur intérieure et croyait que des trophées lui donnerait le mérite dont il rêvait. Il me parle de son deuxième frangin qui, 10 ans plus tard, coincé entre deux frères champions internationaux, n’avait pas réussi à dépasser sa peur de ne pas être à leur hauteur, et avait échoué, consumé par la pression qu’il se mettait. Il me parle de tous ces adversaires qu’il a rencontrés sur les rings, enchainés par un besoin de reconnaissance qui les a perdus.

Bertrand s’arrête, et me regarde : « Et toi, me demande-t-il,  qu’est ce que tu as à prouver, et à qui » ? Silence. J’ai très bien compris la question. Mais la réponse m’arrache la gorge et m’empêche de parler. « N’oublie jamais que la seule personne à qui tu as à prouver quelque chose, c’est toi. Et que la seule chose que tu as a te prouver, c’est que tu es capable de faire de ton mieux. Pas plus, pas moins. Si tu gagnes et que tu as fait de ton mieux, c’est justice. Si tu perds et que tu n’as pas fait de ton mieux, c’est justice. Mais si tu gagnes et que tu n’as pas fait de ton mieux, c’est la pire des choses qui puisse t’arriver ».

« Et si je perds et que j’ai fait de mon mieux ? »

« C’est la meilleure leçon que tu pouvais recevoir ».

Tout est dit. On revient en silence. Je viens de réaliser que je me bats encore contre des fantômes.

A suivre…